Épisode: Rêver ou juste dormir

Je m’échappe présentement dans le sommeil de façon tout à fait volontaire. Je prends la fuite délibérément de ma journée pour qu’elle se termine plus rapidement. Pouvoir la barrer du calendrier gigantesque qui occupe davantage mon mur que mon emploi du temps. J’éteins la télévision qui ne m’absorbe pas tant que ça. Je voudrais bien pouvoir lire un livre, mais c’est au-dessus de mes forces et prendre un bain n’occupe malheureusement pas les pensées même avec de la musique. Voir mon corps coincé dans un si petit espace me décourage. Pour cela, il faudrait que je n’aie pas les genoux dans le front et le ventre qui ressort tel un pauvre ballon.

Surtout, je veux arrêter la journée pour ne plus avoir à faire des efforts pour mon rétablissement. Je prends donc 12 heures, soit la moitié du temps d’une journée pour me mettre en veille. Mon corps a t’il besoin d’autant de repos ? Probablement pas ! Chanceuse, vous penserez peut-être de pouvoir le faire, que mon corps coopère et mon environnement me laissent le faire.

Je pense que c’est seulement une solution de survie. 

Je laisse donc ma respiration se régulariser avec l’aide de Vlad, mon viril sauveur ou plutôt juste un CPAP pour l’apnée du sommeil (appareil de ventilation en pression positive continue). En effet, dans mon sommeil, il y a des très courts instants où je me permets d’arrêter de respirer. Il y a probablement des moments où mon corps aimerait se libérer en faisant cela… mais ce n’est pas possible, pas de cette façon du moins.

Attraper le sommeil quand il passe, malgré moi, ma tête tourne dans tous les sens et contre-sens avec les événements de ma journée et la « planification » (anticipation) de la suivante. Je sais, je ne suis pas dans le mode : moment présent. Détendre les muscles. Faire le vide. Je peux toutefois avoir une part de contrôle en favorisant de bonnes habitudes. La Fondation du sommeil en donne quelques une… (voir cet article: les 10 bonnes habitudes à adopter). J’en maîtrise presque la majorité, ce qui est déjà un bon début…

Il faut ainsi croire que je finirai par tomber rapidement, je souhaite, dans cet état que beaucoup ont de la difficulté à atteindre. Les raisons sont nombreuses et je ne les mets pas en doute. Selon Statistiques Canada, 43% des hommes et 55% des femmes ont de la difficulté à dormir ou à rester endormis la nuit. Il devient également facile d’avoir accès à des médicaments pour nous aider « temporairement ». Les statistiques quant à la proportion des prescriptions vont en augmentant comme solution facile et moins longue qu’une thérapie. J’ai essayé mon lot de ces somnifères pour tenter de m’assommer. Mon corps résiste…

Pendant la nuit, les rêves deviennent conscients ou non et nous pouvons nous perdre dans leurs interprétations selon nos croyances. Nous vivons des émotions pendant que nous dormons, comme si celles de la journée n’étaient pas suffisantes.

Je voudrais ressentir des émotions positives. Je veux rêver d’amour, de véritable amour en toute simplicité et dans un champ fleuri, et peut-être aussi de licornes pour pouvoir raconter à mes nièces.

Malgré moi, je rêve souvent à mon travail, qui est mis sur pause en ce moment. Toujours la même chose, la peur des changements qui seront inévitables à mon retour et le besoin de me prouver que je suis encore capable d’accomplir les tâches. Mais c’est surtout la peur, dans différents contextes qui semblent si réalistes, qui revient souvent… 

Je ne veux pas tout simplement dormir, je veux rêver autant dans la moitié de la journée consciente que celle qui est occupée à dormir. Je veux retrouver le goût d’avoir des rêves et croire à un futur, car pour l’instant, mon calendrier s’arrête seulement à une date, un rendez-vous, même pas romantique, pour décider de la suite…