Épisode: Gâteau de mousse et de roches

Lac-à-l’île – Je regarde l’horizon et la forêt qui fait tout le tour du lac. Sa petite île inhabitable en son plein centre, endroit bien caché, en dehors du temps et invaincu. La tranquillité est, pour la plupart du temps, au rendez-vous.

Soudain, une course a commencé dans mon dos, le pauvre quai soubresaute pour suivre la galopade de ma soeur-préférée et des cousins. L’élan est lancé, les bras se sont joints, la boule est presque parfaite et peut faire son effet dans le lac pourtant si calme. Toute la flore et faune sous-marine en sont perturbées. Le concours de “bombes” est ouvert, au risque de déranger notre souper, soit les petits poissons.

Justement, il ne faut pas compter sur moi pour pêcher, car j’ai l’habitude de ne pas vouloir toucher aux vers gluants qui se tortillent. J’ai donc besoin d’une personne insensible pour de la sous-traitance. Je laisse la canne à pêche à l’eau à partir du quai, ça mord ? Parfait, j’ai juste à partir en courant pour l’annoncer à quelqu’un d’autre que moi. Pas question que je touche à ça quand ça gigotte (et même après). Vous comprendrez que je n’étais pas souvent invitée dans une chaloupe. Sans compter la règle du silence à bord que je ne maîtrisais pas tant… j’ai tout de même fait des tours à bord de cette embarcation et de son ami chambranlant sans moteur, le canot… bien étouffée par ma veste de flottaison.

Alors moi, je contourne le quai et longe la roulotte pour me rendre à une entrée d’eau en pente douce bien vaseuse où la peureuse que je suis se laisse s’habituer à la température de l’eau malheureusement très brune et non chauffé. Beaucoup plus jeune, à cet endroit, j’ai demandé à mon unité-familiale-maternelle de me laisser nager seule sans me tenir… lâche moi… évidemment que j’ai coulé, mais on en tire tous des leçons.

Je ne peux faire honneur à cet endroit merveilleux de mon enfance sans parler de ces méchouis tournés à la main, de toutes ces truites, ces anniversaires. Sans oublier les témoins de tout: ces célèbres moustiques. À mon âge, on se souvient surtout de deux choses: la tête de brochet empaillé dans la roulotte (avec toutes ses “dents”) et du trajet dans les chemins privés très cahoteux, dans la boite du “pick-up” bleu et orange, avec les cousins et soeur-préférée. C’était du sport de se tenir, et les meilleurs fous rires on eu lieux là à l’abri des adultes. Surtout quand il y en a un qui décide de descendre du “pick-up” pour faire la course dans le but de remonter. Le chef de la cabine n’était pas content d’avoir à mettre les freins.

J’en viens à ce fameux gâteau de mousse et de roches fait collectivement près du chemin cahoteux à un endroit assez loin pour mériter une expédition ou un pèlerinage. Il s’agissait, en fait, de notre repère à chaque aller-retour. Tout le plaisir de pouvoir le trouver et le montrer du doigt joyeusement. Nous sommes presque arrivés…

Quelques fois dans nos vies, nous avons besoin de se remémorer un lieu de notre enfance pour s’y réfugier l’espace d’un instant.

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Malheureusement, le Lac-à-l’île n’existe plus, ou plutôt a cessé son appartenance familiale. J’aurais aimé pouvoir revoir le gâteau de mousses et de roches pour mon anniversaire d’aujourd’hui et y mettre de nombreuses bougies. Fermer les yeux, être de nouveau un enfant. Avoir le plus précieux gâteau qu’aucun pâtissier ne peut me faire. Sourire le plus proche de mon insouciance et souffler très fort pour déplacer des montagnes… Je ne peux pas vous dire mes voeux, mais vous pouvez essayer de les deviner…

Merci au Lac-à-l’île et aux participants à ses souvenirs!

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Un commentaire sur “Épisode: Gâteau de mousse et de roches

  1. Que de beaux souvenirs! L’enfance er ses plaisirs simples. Mais il faut grandir et continuer d’apprécier aussi les plaisirs simples qui nous procurent du bonheur. Joyeux anniversaire !

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